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arnaud imatz - Page 2

  • Tour d'horizon... (189)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Le cercle Aristote, Arnaud Imatz évoque la figure du polémologue Gaston Bouthoul...

    Gaston Bouthoul, polémologue. Fin de l’omertà ?

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    - sur Thinkerview, l'analyste économique Olivier Delamarche évoque la crise qui vient...

    Économie sous perfusion, les risques ?

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  • Quelques réflexions sur  la pensée gaullienne...

    Nous reproduisons ci-dessous un extrait d'un long texte d'Arnaud Imatz, "Charles De Gaulle, mythifié mais trahi", publié sur le site du Cercle Aristote à l'occasion du quatre-vingtième anniversaire de l'Appel du 18 juin et du cinquantième anniversaire de la mort de son auteur. Fonctionnaire international à l’O.C.D.E. puis administrateur d’entreprise, spécialiste de l'Espagne, Arnaud Imatz a notamment publié  La Guerre d’Espagne revisitée (Economica, 1993), Par delà droite et gauche (Godefroy de Bouillon, 1996), José Antonio et la Phalange Espagnole (Godefroy de Bouillon, 2000) et Droite - Gauche : pour sortir de l'équivoque (Pierre-Guillaume de Roux, 2016).

     

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    Quelques réflexions sur  la pensée gaullienne

    Au centre de la pensée gaullienne, il y a la volonté de réconcilier l’idée nationale et la justice sociale. De Gaulle sait qu’on ne peut assurer la liberté, la justice sociale et le bien public sans défendre simultanément la souveraineté et l’indépendance nationale (politique, économique et culturelle). Passion pour la grandeur de la nation, aspiration à l’unité nationale, éloge de l’héritage de l’Europe chrétienne, revendication de l’Europe de Brest à Vladivostok, résistance contre toute domination étrangère (américaine ou soviétique), non-alignement sur le plan international, démocratie directe (suffrage universel et référendum populaire), antiparlementarisme, troisième voie ni capitaliste, ni collectiviste, planification indicative, « ordolibéralisme », association capital-travail ou participation, immigration sélective et préférence nationale, sont les grandes lignes de force du gaullisme.

    Les nombreux liens que de Gaulle a noués au cours des années trente avec divers milieux politico-intellectuels ont contribué à la formation du tercérisme gaulliste. De par ses racines familiales, de Gaulle a très tôt reçu l’empreinte du double catholicisme social (celui des traditionalistes, tels Armand de Melun, Albert de Mun, René de la Tour du Pin et celui des libéraux, tels Ozanam et Lammenais). Il a également lu Maurras dans les années 1910, comme bon nombre d’officiers de sa génération ; son père était d’ailleurs abonné à l’Action Française. Mais s’il se reconnait dans la primauté de la politique étrangère, la vision traditionnelle de la lutte des États, l’indifférence aux idéologies qui passent alors que les nations demeurent, l’antiparlementarisme, l’État fort et l’exaltation de l’indépendance nationale, que le « maître de Martigues » proclame, de Gaulle récuse le nationalisme intégral et notamment l’antisémitisme d’État, lui préférant la philosophie de Bergson, la mystique de l’idée républicaine de Péguy et le nationalisme de Barrès (l’auteur de Les diverses familles spirituelles de la France). Comme Barrès, il défend l’idée d’une histoire nationale unitaire qui inclut l’Ancien régime et la Révolution de 1789, dans laquelle la République est un fait acquis. Abonné aux Cahiers de la Quinzaine, avant le premier conflit mondial, de Gaulle revendique expressément  Péguy au nombre des ses maîtres. N’oublions pas non plus l’un de ses auteurs de prédilection Châteaubriant, qu’il lira et relira durant toute sa vie.

    Dans les années 1930, de Gaulle fréquente le salon littéraire de Daniel Halévy, historien et essayiste, grand connaisseur de Proudhon (anarchiste), Sorel (syndicaliste-révolutionnaire) et Péguy (catholique nationaliste). Il participe également aux réunions du cercle d’un vieux militaire à la retraite, dreyfusard et anticonformiste, le colonel Émile Mayer. Proche de la gauche socialiste, Mayer lui fait rencontrer, outre son futur ami l’avocat Jean Auburtin, plusieurs hommes politiques, tels Paul Reynaud, Joseph Paul-Boncour, Marcel Déat, Édouard Frédéric-Dupont, Camille Chautemps, Alexandre Millerand ou Léon Blum. C’est grâce au colonel Mayer qu’il entre en contact avec Daniel-Rops (Henry Petiot). Ces nouvelles connaissances lui permettront de donner davantage d’écho à ses écrits militaires.

    De Gaulle participe aussi aux réunions et aux colloques de la Ligue de la Jeune République, résurgence politique, après sa condamnation par Pie IX, du Sillon, le mouvement catholique progressiste de Marc Sangnier. En 1933, il contribue aux débats organisés par L’Aube, journal proche de la CFTC, qui sera dirigé un peu plus tard par Georges Bidault. En 1934, il s’abonne à la revue Sept, créée par les dominicains, puis, en 1937, à l’hebdomadaire qui lui succède Temps présent en même temps qu’il adhère aux Amis de Temps présent. Ouvertement catholiques, ces deux revues et ce cercle se situent politiquement au centre gauche. Enfin, et surtout, facteur décisif dans la formation du Général, sans doute bien plus important que ses contacts avec les représentants de la démocratie chrétienne, Charles de Gaulle fréquente les membres d’Ordre Nouveau. Il participe régulièrement aux réunions de l’O.N. groupe de réflexion personnaliste qui, avec la Jeune droite et la revue Esprit, constitue l’un des trois grands courants des « non-conformistes des années trente ».

    Créé par Alexandre Marc-Lipiansky, Arnaud Dandieu et Robert Aron, l’Ordre Nouveau publie, de mai 1933 à septembre 1938, une revue éponyme, qui se réclame d’une troisième voie sociale, qui se veut anti-individualiste et anti-collectiviste, anticapitaliste et anticommuniste, antiparlementaire et antifasciste, anti-belliciste et anti-pacifiste, patriote mais non nationaliste, traditionaliste mais non conservatrice, réaliste mais non opportuniste, socialiste mais non matérialiste, personnaliste mais non anarchiste, enfin, humaine mais non humanitariste [1]. Dans le domaine économique, il s’agit de subordonner la production à la consommation. L’économie telle qu’elle est conçue par les rédacteurs de la revue Ordre Nouveau  doit comprendre à la fois un secteur libre et un secteur soumis à la planification. « Le travail n’est pas une fin en soi ». La démarche « ni de droite, ni de gauche » de la revue et du groupe se fixe comme objectif de mettre les institutions au service de la personnalité, de subordonner à l’homme un État fort et limité, moderne et technicien.

    On retrouve dans ce « non-conformisme des années trente », comme dans la pensée sociale chrétienne, trois thèmes fondamentaux chers à de Gaulle : le primat de l’homme, le refus de l’uniformisation, et le souci du respect de l’individualité dans la collectivité ; ce qui sous-entend, bien sûr, une place importante faite au principe de subsidiarité. Dans un intéressant article du Figaro « De Gaulle à la lumière de l’Histoire » (4-5 septembre 1982), l’historien gaulliste et protestant, Pierre Chaunu, avait attiré mon attention, pour la première fois, sur les similitudes et les convergences qui existent entre la pensée du Général de Gaulle et celles tout à la fois des personnalistes non-conformistes français, du national-syndicaliste espagnol José Antonio Primo de Rivera [2] et de divers auteurs de la Révolution conservatrice allemande. Ce parallélisme frappant se retrouve également dans le cas de la pensée du  fondateur de la République démocratique irlandaise, dirigeant du Fianna Fáil, Eamon de Valera. Mais encore faut-il un minimum d’ouverture d’esprit pour l’admettre sans sombrer pour autant dans la caricature et la propagande.

    En fait, ces aspirations politiques, qui ont pour toile de fond les thèmes de « civilisation des masses » et de « société technicienne » (traités en particulier  par Ortega y Gasset) se retrouvent chez de très nombreux intellectuels européens des années trente qui ne sont pas réactionnaires,  mais qui cherchent une synthèse, une réconciliation en forme de dépassement dialectique [« Être de gauche ou être de droite, c’est choisir une des innombrables manières qui s’offrent à l’homme d’être un imbécile ; toutes deux, en effet, sont des formes d’hémiplégie morale », écrit José Ortega y Gasset dans sa Préface pour le lecteur français à La Révolte des masses (1937)].Comme tous ces penseurs, de Gaulle n’est en rien un conservateur réactionnaire. Il admet la civilisation des masses et la technique ; il n’y a chez lui aucune nostalgie pastorale. Le gaullisme et le personnalisme des non-conformistes des années trente ne divergent vraiment que dans la conception de la nation : la défense gaullienne de l’unité, de l’indépendance et de la souveraineté de la nation s’oppose au fédéralisme européen des personnalistes. Il n’en reste pas moins que de Gaulle souhaitera toujours défendre une doctrine politique qui va dans le même sens que celle des personnalistes, marquée par la volonté de dépasser la droite et la gauche.

    Toute sa vie durant, de Gaulle cherchera à trouver un système nouveau, une « troisième voie » entre le capitalisme et le communisme. En 1966, époque où il semble intéressé par l’ordo-libéralisme de Walter Eucken et Wilhelm Röpke, il écrit à Marcel Loichot : « Peut-être savez-vous que depuis toujours, je cherche, un peu à tâtons, la façon pratique de déterminer le changement, non point du niveau de vie, mais bien de la condition de l’ouvrier. Dans notre société industrielle, ce doit être le recommencement de tout, comme l’accès à la propriété le fut dans notre ancienne société agricole ». Toute sa vie il se refusera à se positionner sur l’axe droite/gauche. Pour lui, la droite ou la gauche ne sont que des références politiciennes qui lui sont parfaitement étrangères : «  être gaulliste, dit-il en 1965, c’est n’être ni à gauche, ni à droite, c’est être au-dessus, c’est être pour la France ». Et encore « La France, c’est tout à la fois, c’est tous les Français. Ce n’est pas la gauche, la France ! Ce n’est pas la droite, la France !… maintenant comme toujours, je ne suis pas d’un côté, je ne suis pas de l’autre, je suis pour la France » (15/12/1965).

    Dans les années trente, de Gaulle ne considère pas la question sociale comme primordiale. Un officier supérieur doit s’attacher d’abord et avant tout à la mise en œuvre des meilleurs moyens de l’indépendance de la nation. Dans une lettre du 13 novembre 1937 à son ami Jean Auburtin, il s’en explique : « Pour moi, je suis dans les chars jusqu’au cou ». Dans cet immédiat avant-guerre, tout semble se ramener pour lui à des phénomènes psychologiques de jalousie et d’envie, d’un côté, d’orgueil et d’égoïsme, de l’autre. Avant d’être un penseur social, le général de Gaulle sera toujours un philosophe de la souveraineté, de l’indépendance et de la liberté. Mais sa pensée sociale va émerger à Londres, pendant les années de guerre, après le long silence des années vingt et trente. Le premier discours du général de Gaulle où apparaît la question sociale est celui de l’Albert Hall, le 15 novembre 1941, un mois et demi après la Charte du Travail promulguée par le régime de Vichy, le 4 octobre 1941. Le discours d’Oxford, du 25 novembre 1941, est aussi essentiel pour comprendre la pensée du Général car il y évoque le rôle de la machine, l’avènement des masses et le conformisme collectif qui battent en brèche les libertés individuelles. L’économie est certes importante, mais elle n’est qu’un moyen au service de fins plus hautes. Dès lors, tout système où l’économie est une fin en soi, qu’il s’agisse du capitalisme sauvage ou du collectivisme totalitaire se trouve écarté. Le gaullisme pose comme postulat la primauté de l’homme sur l’économique, sur le technologique et sur tout système doctrinaire.

    S’il admet les partis, les syndicats et les notables, leur concédant la gestion de la politique au jour le jour, de Gaulle dénie à quiconque le droit de remettre en cause les grandes options de sa politique nationale et internationale. Contempteur de « la classe papoteuse, ragotante et jacassantes », critique sévère de l’inconsistance, de l’inefficacité et de l’esprit d’abandon de la gauche, le Général dénonce impitoyablement la bêtise et l’immobilisme de la droite. Ses critiques les plus acerbes s’adressent aux classes privilégiées, à la bourgeoisie d’argent et du savoir, qu’ils jugent trop souvent blasée, malsaine et gangrenée, et à ses porte-paroles de la faune journalistique. « Le populo a des réflexes sains. Le populo sent ou est l’intérêt du pays. Il ne s’y trompe pas souvent. En réalité, il y a deux bourgeoisies. La bourgeoisie d’argent, celle qui lit Le Figaro, et la bourgeoisie intellectuelle, qui lit Le Monde. Les deux font la paire. Elles s’entendent pour se partager le pouvoir. Cela m’est complètement égal que vos journalistes soient contre moi. Cela m’ennuierait même qu’ils ne le soient pas. J’en serais navré, vous m’entendez ! Le jour où Le Figaro et L’Immonde me soutiendraient, je considérerais que c’est une catastrophe nationale ».

    Fermement attaché à la tradition colbertiste, pour lui, rien d’important ne peut se faire en France, si ce n’est pas l’État qui en prend l’initiative. L’État a des moyens, il faut qu’il en use. « Le but n’est pas de tarir les sources de capitaux étrangers, déclare le Général,  mais d’empêcher l’industrie française de tomber entre des mains étrangères. Il faut empêcher les directions étrangères de s’emparer de nos industries. Nous ne pouvons pas nous en remettre à l’abnégation ou au patriotisme de messieurs les PDG et de leurs familles, n’est-ce pas ? Il est trop commode pour les capitaux étrangers de les acheter, de payer en bon dollars les fils et les gendres… ». « Je me fous de BP, de Shell et des Anglo-Saxons et de leurs multinationales ! […] Ce n’est qu’un des nombreux cas où la puissance des soi-disant multinationales, qui sont en réalité d’énormes machines anglo-saxonnes, nous a écrasés, nous autres Français en particulier, et les Européens en général […] Si l’État ne prend pas les choses en mains, nous nous faisons couillonner. »

    Au XXe siècle, l’État a le devoir de stimuler l’économie concertée et d’instaurer la participation des travailleurs à la vie de l’entreprise. Pour éviter la situation d’antagonisme permanent entre patrons et ouvriers, l’association capital-travail, la participation, thème particulièrement cher au Général, doit être mise en œuvre à trois niveaux. C’est d’abord l’intéressement au bénéfice de l’entreprise. C’est ensuite la participation à la plus-value du capital pour faire des ouvriers des copropriétaires. C’est enfin l’association des cadres et de l’ensemble du personnel à la gestion des entreprises. Le salariat, autrement dit l’emploi d’un homme par un autre, « ne doit pas être la base définitive de l’économie française, ni de la société française, affirme de Gaulle, et cela pour deux raisons : d’abord des raisons humaines, des raisons de justice sociale ; et des raisons économiques, ce système ne permet plus de donner à ceux qui produisent la passion et la volonté de produire et de créer ». Il est dès lors bien évident que ce type de relations ne peut s’inscrire ni dans le libéralisme, ni dans le marxisme. Ainsi, il apparaît clairement que la position gaullienne, dès lors qu’elle répudie d’une part, le totalitarisme collectiviste, d’autre part, le laisser-faire et la loi de la jungle, ne peut se fonder que sur les principes de l’économie concertée.

    Le Général n’est pas un antieuropéen comme le disent ses adversaires inféodés aux États-Unis et à l’OTAN. Il veut l’Europe mais pas n’importe laquelle. Il a même la plus profonde conscience de ce qu’elle représente : les liens historiques entre les peuples, par-delà leurs discordes, leurs conflits, les extraordinaires contributions que chacun d’entre eux a apportées au patrimoine mondial de la pensée, de la science et de l’art. Dans ses Mémoires, il n’hésite pas à souligner « l’origine chrétienne » et le caractère exceptionnel de l’héritage des européens. Son idée de l’Europe et des États-nations diffère radicalement de celle de ses adversaires sociaux-démocrates ou démocrates-chrétiens, comme Alcide De Gasperi, Paul-Henri Spaak, Robert Schuman ou Jean Monnet. Alors qu’ils rêvent d’une fédération, lui souhaite une confédération. Alors qu’ils ont comme perspective l’absorption de l’Europe dans une communauté plus ample, dans la communauté atlantique, lui veut un ensemble continental, indépendant et souverain. « […] chaque peuple est différent des autres, incomparable, inaltérable, affirme de Gaulle. Il doit rester lui-même, tel que son histoire et sa culture l’ont fait, avec ses souvenirs, ses croyances, ses légendes, sa foi, sa volonté de bâtir son avenir. Si vous voulez que des nations s’unissent, ne cherchez pas à les intégrer comment on intègre des marrons dans une purée de marrons. Il faut respecter la personnalité. Il faut les rapprocher, leur apprendre à vivre ensemble, amener leurs gouvernants légitimes à se concerter, et un jour, à se confédérer, c’est-à-dire à mettre en commun certaines compétences, tout en restant indépendants pour tout le reste. C’est comme ça qu’on fera l’Europe. On ne la fera  pas autrement ».

    L’idée d’une « Europe de l’Atlantique à l’Oural », d’une Europe libérée du condominium américano-soviétique, d’un « nouvel ordre européen », d’une indépendance réelle de toute l’Europe face au monde extérieur, est fondamentale dans la vision gaullienne du futur monde multipolaire. Sans l’obsession d’émanciper l’Europe de sa situation de satellite des États-Unis on ne peut pas comprendre la politique étrangère du général de Gaulle, ni sa sortie du système de l’OTAN, « simple instrument du commandement américain », ni son hostilité « au privilège exorbitant » du dollar jouant le rôle de réserve internationale, ni son refus réitéré d’admettre la candidature de la Grande-Bretagne dans le Marché commun, ni sa lutte obstinée en faveur du tarif extérieur commun et de la préférence communautaire. « Si les Occidentaux de l’Ancien Monde demeurent subordonnés au Nouveau, disait le Général, jamais l’Europe ne sera européenne et jamais non plus elle ne pourra rassembler ses deux moitiés »
    « Notre politique, confie-t-il à son ministre et porte-parole, Alain Peyrefitte, je vous demande de bien le faire ressortir : c’est de réaliser l’union de l’Europe. Si j’ai tenu à réconcilier la France et l’Allemagne, c’est pour une raison toute pratique, c’est parce que la réconciliation est le fondement de toute politique européenne. Mais quelle Europe ? Il faut qu’elle soit véritablement européenne. Si elle n’est pas l’Europe des peuples, si elle est confiée à quelques organismes technocratiques plus ou moins intégrés, elle sera une histoire pour professionnels, limitée et sans avenir. Et ce sont les Américains qui en profiteront pour imposer leur hégémonie. L’Europe doit être in-dé-pen-dante ». Pour le Général, il est clair que l’Europe de l’Ouest doit avoir de solides alliés pour faire face aux dangers du communisme. Mais à ses yeux, il existe aussi une seconde menace, aussi redoutable, l’hégémonisme américain.

    La construction de l’Europe doit donc se faire sans rompre avec les Américains mais indépendamment d’eux. Précisant encore sa pensée, de Gaulle ajoute : « On ne peut faire l’Europe que s’il existe une ambition européenne, si les Européens veulent exister par eux-mêmes. De même, une nation, pour exister en tant que nation, doit d’abord prendre conscience de ce qui la différencie des autres et doit pouvoir assumer son destin. Le sentiment national s’est toujours affirmé en face d’autres nations : un sentiment national européen ne pourra s’affirmer que face aux Russes et aux Américains. » Ce qu’il reproche aux Anglo-Saxons, c’est de vouloir aménager une Europe sans frontières, un Europe des multinationales, placée sous la tutelle définitive de l’Amérique, une Europe où chaque pays perdrait son âme. Réaliste, il poursuit : « l’Amérique, qu’elle le veuille ou pas, est devenue aujourd’hui une entreprise d’hégémonie mondiale […] L’expansion des Américains, depuis la Seconde guerre est devenue irrésistible. C’est justement pour ça qu’il faut y résister ». Et encore : « Les Européens n’auront pas retrouvé leur dignité tant qu’ils continueront à se ruer à Washington pour y prendre leurs ordres. Nous pouvons vivre comme un satellite, comme un instrument, comme un prolongement de l’Amérique. Il y a une école qui ne rêve que de ça. Ça simplifierait beaucoup les choses. Ça dégagerait des responsabilités nationales ceux qui ne sont pas capables de les porter… ». « C’est une conception. Ce n’est pas la mienne. Ce n’est pas celle de la France […]. Il nous faut mener une politique qui soit celle de  la France […]. Notre devoir est de ne pas disparaître. Il est arrivé que nous ayons été momentanément effacés ; nous ne nous y sommes jamais résignés […]». « La politique de l’Union soviétique et celle des États-Unis aboutiront toutes les deux à des échecs. Le monde européen, si médiocre qu’il ait été, n’est pas prêt à accepter indéfiniment l’occupation soviétique, d’un côté, l’hégémonie américaine, de l’autre. Ça ne peut pas durer toujours. L’avenir est à la réapparition des nations. »

    Attaché à la nation française, quelles que soient ses composantes, de Gaulle aurait été indigné contre ceux qui aujourd’hui ne donnent pas la préférence aux Français. « C’est dans le préambule de la Constitution de 1958, rappelait-t-il, « le peuple français proclame solennellement son attachement aux droits de l’homme et au principe de la souveraineté nationale ». « Article 1 : l’égalité devant la loi est garantie à tous les citoyens ». On ne parle pas des autres. Donc il y a primauté du citoyen quelque soit la provenance ». Et encore : « N’est-ce pas à nous, anciens colons, qui avons permis aux anciens colonisés de donner la préférence à la population d’exiger aujourd’hui que la préférence soit donnée aux Français dans leur propre pays ? Refuser provoque le racisme. »

    On aime de Gaulle ou ont le hait, mais à l’aune du Général on ne peut ressentir que dégoût et mépris pour ses successeurs-imposteurs qui l’ont mythifié pour mieux le trahir.

    Arnaud Imatz (Cercle Aristote, 1er juin 2020)

     

    Notes :

    [1] Sur la troisième voie, voir A. Imatz, Droite – Gauche, pour sortir de l’équivoque, Paris, P.G.D.R., 2016 et Los partidos contra las personas. Izquerda y derecha : dos etiquetas, Madrid, Áltera, 2008.

    [2] En novembre 1935, alors qu’il avait pris ses distances avec le fascisme mussolinien, José Antonio Primo de Rivera (dont la pensée sera récupérée et manipulée par l’Espagne franquiste, comme l’a été celle de De Gaulle en France) déclarait : « Dans la révolution russe, dans l’invasion des barbares à laquelle nous assistons, il y a les germes d’un ordre futur et meilleur bien qu’ils soient encore occultés et jusqu’ici niés. Il nous faut sauver ces germes et nous voulons les sauver. C’est le véritable travail qui revient à l’Espagne et à notre génération : passer de la rive où nous sommes, celle d’un ordre économico-social qui s’écroule, à la rive fraiche et prometteuse du nouvel ordre que l’on devine ; il nous faut sauter d’une rive à l’autre par l’effort de notre volonté, de notre vivacité et de notre clairvoyance ; il nous faut sauter d’une rive à l’autre sans que le torrent de l’invasion des barbares ne nous entraine ». Et en janvier 1936, il écrit dans la même veine qu’Ortega y Gasset : « Être de droite ou être de gauche, c’est toujours exclure de l’âme la moitié de ce qu’elle doit ressentir. C’est même parfois exclure le tout pour lui substituer une caricature de moitié ».

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  • Droite/Gauche : fin ou transformation du clivage ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un article d'Arnaud Imatz, cueilli sur le Cercle Aristote et consacré au clivage droite - gauche. Fonctionnaire international à l’O.C.D.E. puis administrateur d’entreprise, spécialiste de l'Espagne, Arnaud Imatz a notamment publié  La Guerre d’Espagne revisitée (Economica, 1993), Par delà droite et gauche (Godefroy de Bouillon, 1996) et José Antonio et la Phalange Espagnole (Godefroy de Bouillon, 2000) et Droite - Gauche : pour sortir de l'équivoque (Pierre-Guillaume de Roux, 2016).

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    Droite/Gauche : fin ou transformation du clivage ?

    L’une des questions les plus débattues au cours des dernières années par les observateurs politiques européens – journalistes et politologues – est la possibilité ou l’impossibilité de surmonter la division droite / gauche. Il en a été ainsi tout particulièrement dans les pays dits d’Europe « latine » que sont la  France et l’Italie où pourtant la « vieille » dichotomie, implantée depuis plus d’un siècle, semblait solidement et durablement établie. Dans les sondages qui ont été effectués depuis la fin des années 2000, 60 à 70% des citoyens ont déclaré sans équivoque (du moins lorsqu’il leur a été permis de le faire) que la démocratie a cessé de fonctionner correctement, qu’il n’existe pas de différences substantielles entre les gouvernements de droite et de gauche et que le clivage n’est plus vraiment pertinent.

    J’ai moi-même contribué au débat sur la permanence ou la fin du clivage, sa transformation ou son déclin, en publiant huit mois avant les élections présidentielles de 2017, Droite / Gauche : pour sortir de l’équivoque. Histoire des idées et des valeurs non conformistes du XIXe au XXIe siècle (éditions Pierre Guillaume de Roux, 2016). Si je reviens aujourd’hui sur ce sujet, c’est afin de répondre au souhait de nombreux amis qui m’ont demandé de résumer la teneur de ce livre, et que je sais en outre, par expérience, combien un fort volume documenté peut rebuter les lecteurs pressés [1].

    Pour comprendre la radicale et surprenante évolution politico-sociale récente des pays européens (naissance et développement de nombreux mouvements populistes dans la majeure partie du continent, alliance gouvernementale entre la Ligue et le Mouvement 5 étoiles en Italie, rébellions/insurrections populaires comme les « Bonnets rouges » et les « Gilets jaunes » contre les oligarchies ou « élites » progressistes autoproclamées, surgissement de Vox en Espagne, Brexit du Royaume-Uni etc.), il est nécessaire de mener une réflexion approfondie en essayant de répondre sérieusement aux questions-clés : qu’est-ce que la droite ?, qu’est-ce que la gauche ?, quels sont les arguments pour et contre « l’inévitable » ou « accidentelle » division qui articule la vie politique des démocraties représentatives modernes ? Et, finalement, pourquoi la dichotomie gauche-droite est-elle de plus en plus discréditée dans l’opinion publique des pays européens ?

    Comment définir la gauche et la droite ? Le point de vue essentialiste : la division n’est pas finie

    Par delà la multiplicité des définitions de la droite et de la gauche, deux approches radicalement différentes s’affrontent : l’une est philosophique et l’autre historique. L’approche philosophique cherche à définir l’essence, le caractère intime des deux phénomènes ; l’approche historique, empirique et relativiste, nie qu’il s’agisse d’absolus isolés, indépendants de situations contingentes (locales et temporelles). La première approche conduit à renforcer ou à consolider la dichotomie traditionnelle et la seconde à la critiquer, à la questionner ou à la mettre en doute [2].

    Le point de vue essentialiste a été défendu par de nombreux auteurs depuis plus d’un demi-siècle. À partir d’une position de droite, on peut citer, entre autres, le démocrate-chrétien Français René Rémond, le traditionaliste Hongro-Américain Thomas Molnar ou le conservateur Espagnol, Gonzalo Fernández de la Mora. Plus récemment, on trouve par exemple l’ex-conseiller de l’ancien président Nicolas Sarkozy, Patrick Buisson (et son biographe, proche collaborateur d’Alain de Benoist, le journaliste François Bousquet [3]), le politologue Guillaume Bernard ou le professeur de droit constitutionnel Jean-Louis Harouel. Sur le versant de gauche, il faut citer, parmi les plus connus, l’Italien Norberto Bobbio, l’Anglais Ted Honderich, le Français Jacques Julliard ou l’Espagnole Esperanza Guisán [4].

    Dans le sens le plus conventionnel et le plus vulgaire du terme, la droite serait synonyme de stabilité, d’autorité, de hiérarchie, de conservatisme, de fidélité aux traditions, de respect de l’ordre public et des convictions religieuses, de protection de la famille et de défense de la propriété privée. À l’inverse, la gauche incarnerait l’insatisfaction, la revendication, le mouvement, le sens de la justice, le don et la générosité. 

    La propagande néo-marxiste, néo-social-démocrate et parfois même néolibérale, qui se veut « progressiste », voit dans la droite la réaction contre les Lumières, contre le Progrès, la Science, l’Égalité, l’Humanisme (dieux toujours écrits en lettres capitales). La droite et la gauche ne refléteraient somme toute que le conflit éternel entre les riches et les pauvres, les dominants et les dominés, les oppresseurs et les opprimés. Mais lorsque le sujet fait l’objet d’une enquête un peu plus sérieuse, on se rend vite compte que cette identification de la droite politique avec la droite économique, ou de la droite de conviction avec la droite d’intérêt ou d’argent, si répandue dans les grands médias, n’est qu’un mythe de plus, un enfumage idéologique, un mensonge de propagande. Les lecteurs de Vilfredo Pareto, familiers de sa célèbre thèse sur la collusion entre ploutocrates et révolutionnaires, le savent bien. Les exemples qui nuancent ou infirment le mythe, abondent, depuis les acteurs et héritiers bourgeois de la Révolution française, jusqu’aux magnats milliardaires et spéculateurs financiers d’aujourd’hui comme George Soros.

    Il y a toujours eu en Europe, tout au moins depuis la fin du XIXe siècle, une droite antilibérale ou « illibérale » (comme on dit aujourd’hui), traditionnelle, sociale et anticapitaliste, qui non seulement affirme son engagement envers la communauté nationale mais défend également la justice sociale. Et il y a toujours eu aussi une gauche socialiste ou socialisante qui défend à la fois le républicanisme, la laïcité, la patrie et la nation.

    Quelles sont les oppositions conventionnelles entre la gauche et la droite ?

    Le point de vue essentialiste privilégie toujours l’ « idée » à l’ « existence », la réalité ou les faits. Il s’est développé à différents niveaux d’analyse plus ou moins sophistiqués. Rappelons ici les oppositions qu’il relève le plus fréquemment :

    1. Premièrement, il y a le pessimisme de la droite contre l’optimisme de la gauche. Le réalisme et le sentiment tragique de la vie contre l’idéalisme, le sentimentalisme, le triomphe de la bonne conscience et l’angélisme. Selon cette prémisse, il y a finalement deux tempéraments qui s’opposent toujours l’un à l’autre. Il y a toujours le même antagonisme : les réactionnaires / conservateurs versus les progressistes réformistes ou révolutionnaires.

    2. À un second niveau d’analyse, il existe deux positions métaphysiques : la transcendance et l’immanence. D’un côté, ceux qui défendent Dieu, et de l’autre, ceux qui déifient l’homme. On oppose ici la métaphysique chrétienne et la lecture correcte des Évangiles aux grandes hérésies et aux utopies falsificatrices du christianisme, au millénarisme, au gnosticisme (le Dieu du mal contre le Dieu du bien), ou encore à la croyance aux religions de la politique avec leur version sécularisée de l’apocatastase. À l’arrière-plan, il y a une sorte de combat éternel de la lumière contre les ténèbres, du bien contre le mal, chacun étant bien sûr interprété et défini différemment selon que l’on appartient ou non à l’un des deux pôles de droite ou de gauche.

    3. D’autres auteurs opposent la droite qui croit en la nature humaine sans changement et la gauche qui croit en la perfectibilité indéfinie de l’homme (un homme bien sûr non souillé par le péché originel comme l’enseigne le christianisme). Il y a donc la droite qui croit en l’ordre naturel par opposition à la gauche qui croit en la raison universelle ; la droite qui a une vision holiste de la société par opposition à l’approche individualiste de la gauche (cet individualisme radical apparu avec la Révolution française expliquerait par ailleurs la réaction collectiviste et totalitaire ultérieure du socialisme marxiste). Il existe donc l’organicisme de droite (c’est-à-dire la société qui se développe comme un arbre avec des racines et des branches qui ne peuvent être changées impunément selon la volonté de chacun) qui s’oppose au mécanicisme de gauche (c’est-à-dire la société qui fonctionne comme une horloge avec la possibilité de changer et modifier sans limites chacune des pièces).

    4. Une quatrième différence serait l’importance de l’éthique familiale et communautaire défendue par la droite face à l’obsession de la gauche pour la libération des mœurs et des coutumes.

    5. Mais l’antinomie la plus fréquemment citée est sans doute celle entre, d’une part, l’aristocratisme spirituel (à ne pas confondre avec l’aristocratisme social ou matériel) et le sentiment de liberté, typique de la droite et, d’autre part, l’égalitarisme niveleur et matérialiste, caractéristique de la gauche ; en d’autres termes la qualité versus la quantité [5]. L’idée force de la gauche serait la recherche de l’égalité dont le moteur serait l’envie, alors que le message de la droite serait la croyance en l’émulation. La gauche serait une sorte de pente vers l’égalité matérielle et la droite une sorte de pente vers l’aristocratie spirituelle [6].

    6. Une autre dissemblance significative a été également relevée : la passion de l’unité de la droite (avec l’appel habituel à l’union de la communauté nationale) face à l’esprit ou la volonté de division de la gauche (avec la réactivation permanente de la lutte des classes).

    7. Deux autres principes majeurs semblent irréductibles. Il y a la vision conflictuelle ou polémologique du monde, caractéristique de la droite qui s’oppose au rêve de l’avenir radieux de l’humanité, à l’utopie de « l’homme nouveau » obsession de la gauche. Il ne s’agit pas évidemment ici de l’homme nouveau voulu par le Dieu chrétien mais du nouvel homme désiré par les totalitarismes modernes (dans leurs versions marxiste-léniniste, national-socialiste, et néolibérale ou néo-social-démocrate mondialistes, sans oublier la variante idéologique récente de la « justice anthropologique », qui est elle-même intensifiée par les bio-idéologies, idéologies délirantes, dont étrangement les germes se retrouvent pratiquement tous dans le national-socialisme, comme l’a opportunément relevé le politologue érudit Dalmacio Negro Pavón).

    8. Last but not least, il y a l’éternel combat entre le vieux et le nouveau, le branché et le démodé, l’actuel et le caduc, l’ancien et le moderne. Certains même n’hésitent pas à voir dans la défense de la langue un authentique marqueur de droite. Mais à ce compte, les enseignants des écoles publiques, républicains, laïcs, socialistes, nationalistes et autres « progressistes » d’antan, modérés ou extrémistes, réformistes ou révolutionnaires, ne seraient que de vulgaires réactionnaires ou droitistes qui s’ignoraient.

    Bref, du point de vue essentialiste, il y a toujours une droite et une gauche.  Certains, comme Jacques Anisson du Perron, partent de la prémisse ou de l’axiome intangible : «  La droite a toujours existé puisqu’elle se confondait avec l’organisation politique des civilisations traditionnelles.  Au contraire, la gauche n’est apparue qu’aux temps modernes… ». En conséquence, nous serions condamnés éternellement à vivre et à ne connaître que deux conceptions opposées du monde et de la vie, et à un niveau inférieur, deux morales, deux formes de psychologie voire deux tempéraments.

    Arriver à ce stade, il n’est peut-être pas inutile de rappeler que le mathématicien et dissident russe Igor Chafarevich disait que, d’un point de vue philosophique, le socialisme a toujours existé comme une tendance spécifique des sociétés humaines (et qu’il n’est pas seulement apparu historiquement au XIXe siècle). N’oublions pas non plus que Nicolas Berdiaev disait la même chose du nationalisme ou du patriotisme (qui, malgré ce que prétendent les ignorants et les démagogues, ont beaucoup d’histoire commune dans leurs formes modernes ; nés à gauche, au début du XIXe siècle, ils sont passés partiellement à droite à la fin du XIXe siècle).

    Cela étant dit, encore faut-il souligner un point clé : la plupart des auteurs « essentialistes » insistent sur la diversité ou le caractère pluriel de la droite et de la gauche. Ils montrent à juste titre qu’il n’y a pas une droite et une gauche, mais des droites et des gauches, sans parvenir toutefois à un consensus lorsqu’il s’agit de les définir ou de les classer. Ainsi, par exemple, René Rémond distinguait trois droites : traditionaliste, libérale et nationaliste et trois gauches : libertaire, autoritaire et marxiste. Mais après lui d’autres auteurs (comme le socialiste israélien Zeev Sternhell) ont distingué deux droites : radicale/révolutionnaire et conservatrice, et deux gauches : progressiste et révolutionnaire. D’autres encore (comme Stéphane Rials) voient une seule droite traditionnelle et quatre gauches : autoritaire-nationaliste, libérale-bourgeoise, anarcho-libertaire et social-marxiste. Plus récemment enfin, des auteurs comme Marc Crapez (spécialiste de la gauche nationaliste ou « réactionnaire ») ont signalé l’existence d’une bonne douzaine de tendances de droite et de gauche et ont discrédité ou retiré beaucoup de valeur et d’intérêt aux classifications pédagogiques et universitaires. 

    Pourquoi et comment la division gauche/droite est-elle critiquée ? Le point de vue historico-relativiste

    Historiquement, la division droite/gauche a à peine un siècle voire un siècle et demi. Telle est la réalité prosaïque. Après la Révolution française et pendant des décennies, la division ou l’opposition s’est limitée à une question de langage parlementaire (les partisans du pouvoir occupaient les sièges de droite et l’opposition ceux de gauche). Comme l’a fort bien dit le philosophe Espagnol Gustavo Bueno: « Dans les Cortes de Cadix [l’Assemblée constituante siégeant de 1810 à 1814 pendant la guerre d’indépendance contre la France], il n’y a pas de droite et de gauche ». La division mythique est en effet beaucoup plus récente.

    Dans l’opinion publique, sa naissance remonte à peine aux années 1870- 1900 et peut-être même à plus tard, aux années 1930. Par conséquent, le grand conflit cyclique entre la droite éternelle et la gauche immortelle n’a guère plus d’un siècle. Comme le notait à juste titre Julien Freund en 1986, c’est une division « essentiellement européenne et même localisée aux pays latins, bien qu’elle ait été reprise il y a quelque temps par les pays anglo-saxons ».

    Pour l’historien des idées politiques, il est relativement facile de montrer que les valeurs de droite et de gauche ne sont pas immuables, que les chassés-croisés ou les échanges d’idées ont été et restent constants. Les droites sont diverses et plurielles comme les gauches, ce qui explique leurs divisions et conflits permanents. Les droites et les gauches sont universalistes ou particularistes ; mondialistes/globalistes et partisanes du libre-échange ou patriotiques et anticapitalistes ; centralistes et jacobines ou régionalistes, fédéralistes et séparatistes ; Atlantistes, occidentalistes et européistes (partisanes d’une Europe fédérale) ou nationalistes, européistes (défenseuses d’une Europe des nations) et/ou non tiers-mondistes ; elles sont individualistes, rationalistes, positivistes, organicistes, mécanicistes, athées, agnostiques, spiritualistes, théistes ou chrétiennes. Il n’y a pas de définition intemporelle de la droite ou de la gauche qui s’applique partout et à tout moment. La droite et la gauche ne peuvent être définies historiquement que par rapport aux périodes et aux problèmes qui surviennent à un moment donné.

    Il est facile de montrer que les principales questions politiques se déplacent constamment de gauche à droite et vice versa. Je crois l’avoir fait en détail dans mon livre Droite / Gauche, pour sortir de l’équivoque auquel je renvoi le lecteur intéressé. C’est le cas de l’impérialisme, du colonialisme, du racisme [7], de l’antisémitisme, de l’antisionisme, de l’antimaçonnisme, de l’anti-christianisme, de l’anti-catholisme, de l’antiparlementarisme, de la critique du modèle démo-libéral, du technocratisme et de l’antitechnocratisme, du malthusianisme et de l’antimalthusianisme [8], du fédéralisme, du centralisme, de l’antiétatisme, du régionalisme, du séparatisme, de l’écologisme, de la critique des droits de l’homme et du droit d’ingérence (souvenons-nous des critiques acerbes du libéral anti-fasciste italien Benedetto Croce, du socialiste Harold Lasky ou du nationaliste Mahatma Gandhi) ; et c’est aussi le cas de la dénonciation des Lumières, de l’anticapitalisme, de la défense de la souveraineté et de l’identité des peuples, de l’immigrationnisme et de l’anti-immigrationnisme [9], de la préférence nationale, de l’islamophilie et de l’islamophobie, de l’arabophilie et de l’arabophobie, du patriotisme, du nationalisme, du souverainisme, de l’europhilie et de l’europhobie, de la russophilie et de la russophobie, de l’alliance avec le tiers monde, de l’antiaméricanisme ou de l’anti-impérialisme américain, etc. Toutes, absolument toutes ces questions échappent au débat obsessionnel entre la droite et la gauche. Nombre d’entre elles continuent d’opposer et de diviser non seulement entre les partis, mais aussi à l’intérieur des partis. On comprend mieux alors pourquoi les unions ou les alliances à droite ou à gauche sont et ont toujours été fragiles, volatiles, éphémères ou provisoires. À cela s’ajoute bien sûr le poids de l’ego, généralement surdimensionné des dirigeants politiques, mais aussi leurs intérêts et leurs plans de carrière antagonistes, que masquent mal les prétendues divergences sur les lignes politiques ou les programmes à adopter.

    Qui sont les auteurs qui ont le plus critiqué la division gauche/droite ?

    La remise en cause de la validité permanente de la dichotomie gauche/droite est à la fois historique, philosophique et morale. Elle n’est en rien le monopole d’un auteur, d’un mouvement intellectuel ou d’un parti politique.

    C’est le libéral José Ortega y Gasset qui dit : « Etre de gauche ou être de droite, c’est choisir une des innombrables manières qui s’offrent à l’homme d’être un imbécile ; toutes deux, en effet, sont des formes d’hémiplégie morale » (La Révolte de masses, Préface au lecteur français, 1930).

    C’est le libéral Raymond Aron qui déclare : « On n’apportera quelque clarté dans la confrontation des querelles françaises qu’en rejetant ces concepts équivoques [de droite et de gauche] » (L’opium des intellectuels, Préface, 1955).

    C’est le libéral-conservateur Julien Freund qui écrit : « La distinction entre gauche et droite est d’ordre polémique et locale, elle ne détermine pas des catégories politiques essentielles […] La justesse philosophique exige que l’on dépasse cette classification circonstancielle […] La rivalité entre la droite et la gauche n’est pas fondée sur un jugement de moralité, mais elle est l’une des formes actuelles de la lutte pour le pouvoir » (L’essence du politique, annexe, rééd., 1986).

    C’est le national-syndicaliste José Antonio Primo de Rivera qui invite à rejeter les haines recuites de droite et de gauche et qui affirme: « Être de droite ou être de gauche, c’est toujours exclure de l’âme la moitié de ce qu’elle doit ressentir. C’est même parfois exclure le tout pour lui substituer une caricature de moitié » (« Ha fenecido el segundo bienio », 9 janvier 1936).

    C’est le marxologue Costanzo Preve, figure représentative du communisme italien, qui assure : « La dichotomie droite / gauche n’est rien d’autre qu’un résidu incapacitant ou une prothèse artificielle perpétuée par la classe dominante » (Italicum, nº1-2, 2004).

    C’est l’ex-militant soixante-huitard, le gauchiste Jean Baudrillard, qui constate : « Si un jour l’imagination politique, l’exigence et la volonté politiques ont une chance de rebondir, ce ne peut être que sur la base de l’abolition radicale de cette distinction fossile qui s’est annulée et désavouée elle-même au fil des décennies, et qui ne tient plus que par la complicité dans la corruption » (De l’exorcisme en politique ou la Conjuration des imbéciles, 1998).

    C’est le socialiste libertaire grec, Cornelius Castoriadis, qui reconnait: « Il y a longtemps que le clivage gauche-droite, en France comme ailleurs, ne correspond plus ni aux grands problèmes de notre temps ni à des choix politiques radicalement opposés » (Le Monde, 12 juillet 1986).

    En réalité, d’innombrables auteurs aux convictions très diverses s’inscrivent dans la tradition « sceptique » ou critique de la fracture gauche / droite. Ceux qui dénoncent l’épuisement du clivage sont devenus légions depuis quelques années. On peut citer ici à titre d’exemple les noms du traditionaliste Donoso Cortés, des libéraux Ortega et Unamuno, du socialiste-marxiste hétérodoxe Gustavo Bueno ;  des Français Pierre-Joseph Proudhon, Maurice Barrès, Charles Péguy, Simone Weil, Daniel-Rops, Jean Baudrillard, Jean-Claude Michéa, Christophe Guilluy, Vincent Coussedière, Alain De Benoist, Marcel Gauchet ; des Américains Christopher Lasch, Paul Piccone et Paul Gottfried ; des Italiens Costanzo Preve, Augusto del Noce, Pier Paolo Pasolini, Marco Tarchi, Marco Revelli et bien d’autres [10]. 

    La majorité des politologues et des journalistes s’accordent à constater que la gauche néo-social-démocrate (avec ses alliés d’extrême gauche) a cessé de proclamer sa volonté de résoudre la question sociale et de faire la révolution sociale (avec l’espoir de la libération du prolétariat) pour assumer les principes du libre marché et invoquer de préférence les « valeurs » sociétales et anthropologiques (défense du « citoyen mondial », intégration de minorités « victimisées », homosexuels, transsexuels, féministes, immigrants, idéologie du genre et multiculturalisme).  Quant à la droite néolibérale (qui rejette les alliances avec les droites traditionnelles et radicales), elle a abandonné la défense de la nation, la morale, la religion et la famille, pour s’occuper exclusivement et cyniquement d’économie.

    Que veut dire être simultanément de droite et de gauche

    Les marxistes, les néo-sociaux-démocrates, les sociaux-libéraux et les conservateurs-libéraux réduisent souvent la dénonciation de l’opposition droite / gauche à une attitude extrémiste et cynique. De nombreux commentateurs politiques voient même dans cette critique de la dichotomie traditionnelle la résurgence du fascisme pour ne pas dire du national-socialisme ou nazisme. Mais en réalité il ne s’agit là que d’un argument de propagande électorale invalidé par les faits historiques.

    Fondamentalement, se définir simultanément de droite et de gauche, c’est exprimer la conviction qu’une communauté politique a besoin à la fois de justice et de liberté, de progrès et de conservation, de patriotisme et d’internationalisme, de personnalisme et de solidarisme, d’ordre et de liberté, d’initiative économique et de garanties sociales, de respect des droits humains et d’affirmation des devoirs des hommes, d’égalité et de mérite, de fraternité et de compétitivité, rien de plus et rien de moins.

    Ces préoccupations peuvent être résumées en quelques mots. Il s’agit de la volonté politique de défendre des valeurs spirituelles, religieuses, patriotiques ou nationales et, simultanément, de poursuivre le bien commun  ou d’affirmer le besoin de solidarité collective et de justice sociale. Cette tentative de synthèse se retrouve dans les programmes de nombreux mouvements de pensée, qui sont nés et se sont développés en Europe depuis la fin du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Des mouvements qui sont radicaux, révolutionnaires et extrémistes, ou modérés et réformistes selon les lieux et les époques. Dans mon livre, je me réfère à la vingtaine de modèles ou d’exemples que sont le traditionalisme social (selon l’économiste italien Stefano Solari, Donoso Cortés, serait l’inventeur de la Troisième voie) ; le légitimisme ou premier catholicisme social (celui de René de La Tour du Pin et Frédéric Le Play), le bonapartisme et le boulangisme de la fin du XIXe siècle, le nationalisme social (de Maurice Barrès et Charles Péguy), le socialisme patriotique (des héritiers des révolutionnaires radicaux de la Révolution française, comme Jacques Hébert), le socialisme-libertaire et nationaliste d’Auguste Blanqui pendant la Commune, le socialisme non marxiste d’Henri Rochefort, Gustave Tridon, Jules Vallès, Albert Regnard, etc., le syndicalisme révolutionnaire, le coopérativisme et le mutualisme (de Proudhon, Georges Sorel, Antonio Labriola, Georges Valois, etc.), le distributionnisme et le corporatisme catholique (des anglais Hilaire Belloc et Chesterton, des français Louis Baudin, Jean Daujat, Gaétan Pirou, Louis Salleron, Gabriel Marcel et du belge Marcel De Corte), le monarchisme nationaliste de la première Action Française de Charles Maurras, le conservatisme révolutionnaire allemand (de Spengler, Jünger, Spann, Moeller van den Bruck, etc.), le personnalisme des non-conformistes français des années 1930 (Emmanuel Mounier, Thierry Maulnier, Alexandre Marc, etc.), le national-syndicalisme de José-Antonio Primo de Rivera, le Fianna Fáil de l’Irlandais Eamon de Valera (principal fondateur de la République démocratique irlandaise), le fascisme italien (dans sa double version conservatrice et révolutionnaire), le gaullisme de la France d’après-guerre (1946-1969),  l’ordolibéralisme [11] ou ex-néolibéralisme (de Walter Eucken, Wilhelm Röpke, Alexander Rüstow ou Jacques Rueff), et enfin, les différents populismes [12] d’aujourd’hui (de gauche et de droite avec leurs discours souverainistes et/ou identitaires se donnant pour mission de réduire le fossé socio-économique et/ou ethnoculturel).  

    Pourquoi la division droite/gauche est-elle aussi critiquée par des représentants du social-libéralisme, de la néo-social-démocratie et du néolibéralisme?

    La division gauche/droite a été également souvent mise en question par des hommes politiques du centre. C’est notamment le cas d’Emmanuel Macron, de Matteo Renzi et de diverses autres personnalités politiques et intellectuelles. Paradoxalement, il s’agit de représentants avérés de l’oligarchie mondialiste qui, parfaits connaisseurs de la magie des mots, ont présenté à des fins électoralistes une version centriste, édulcorée et diluée de la critique de la division droite/gauche. Ils savent que la division traditionnelle est largement discréditée dans l’opinion publique et qu’ils doivent en tenir compte au moins verbalement pour séduire leurs électeurs. Mais les politiques de ces dirigeants s’inscrivent parfaitement dans la lignée de celles des politiciens sociaux-démocrates ou démocrates-chrétiens qui se sont illustrés il y a déjà plusieurs décennies comme Tony Blair, Schroeder ou Clinton [13]. Ces derniers se réclamaient alors de la « troisième voie » que théorisaient l’Anglais Anthony Giddens et le Nord-Américain Amitai Etzioni. En Espagne, Albert Rivera et son parti Ciudadanos, qui se sont engagés dans la même voie, ont obtenu significativement le soutien de l’ancien Premier ministre socialiste français Manuel Valls.

    On peut résumer le succès de cette stratégie et son résultat électoralement positif (quoique non définitif, comme le démontrent les difficultés considérables du président Macron et de son gouvernement devant la rébellion des Gilets jaunes), en rappelant les fameuses paroles du jeune Tancredi, personnage du Guépard : « Si nous voulons que tout reste tel que c’est, il faut que tout change ».

    Que reste-t-il de la division gauche/droite et quel est le nouveau clivage?

    La critique de la dichotomie D/G consiste avant tout à montrer qu’il n’y a ni « valeurs éternelles » de droite, ni « principes immortels » de gauche. En d’autres termes, critiquer la dichotomie traditionnelle, c’est révéler que la droite et la gauche sont le résultat de certaines opinions sur des faits et des idées, qui ne proviennent pas d’un modèle idéal, d’un archétype ou d’une idée au sens platonicien du terme.

    Il ne s’agit pas de nier qu’historiquement la division droite / gauche explique une grande partie des phénomènes politiques du passé, mais seulement de nier qu’elle les explique tous. Il s’agit de montrer que dans l’Europe d’aujourd’hui, le débat politique prétendument immuable, qui oppose deux catégories « essentialisées », la droite éternelle et la gauche immortelle, est devenu une prothèse artificielle qui sert à pérenniser la situation de l’oligarchie dominante.

    La division D/G est devenue un masque, qui sert à cacher une autre division, désormais beaucoup plus décisive : celle qui oppose les peuples enracinés aux élites autoproclamées vecteurs du déracinement ; celle qui oppose les défenseurs de la souveraineté, de l’identité et de la cohésion nationale aux partisans de la « gouvernance mondiale » ; celle qui oppose les exclus de la mondialisation rejetés dans les zones périphériques du pays (personnes ou citoyens qui évidemment ont – ou auront – leurs propres dirigeants en vertu de la « loi de fer de l’oligarchie [14] ») aux privilégiés du système, à l’oligarchie dominante, à la classe dirigeante mondialisée ou hyperclasse qui vit dans les beaux quartiers des grandes villes, les zones les plus développées du pays et qui, par ailleurs, côtoie de préférence ou exclusivement les privilégiés du mondialisme d’autres pays [15].

    Il y a aujourd’hui clairement, et dans toute l’Europe, un nouveau dualisme qui remplace l’ancienne opposition droite / gauche (même les auteurs essentialistes, qui rejettent la possibilité d’une extinction ou d’une disparition de la dichotomie, reconnaissent qu’il s’est produit une profonde altération ou modification). Populisme versus oligarchie, enracinement contre mondialisation, culture communautaire et solidaire contre culture libérale et progressiste, reflètent la nouvelle ligne de partage. Quoi qu’en disent les « experts » et autres « spécialistes » autoproclamés des médias, il s’agit là de deux manières tout à fait nouvelles d’interpréter la réalité qui s’affrontent, de deux façons rationnelles mais inconciliables de voir d’où vient le plus grand danger, de choisir notre avenir et notre engagement.

    Arnaud Imatz (Perspectives libres, 12 mars 2019)

     

    Notes :

    [1] Ce résumé a été fait à partir de notes rassemblées pour la conférence Par delà droite et gauche, au Cercle Aristote, présidée par Pierre Yves Rougeyron, le 10 octobre 2016 et pour une série de trois programmes de radio sur la droite et la gauche dans le cadre de l’émission Platon Regresa a la caverna du philosophe Domingo González et du politologue doyen de Faculté Jerónimo Molina Cano,  les 30 novembre, 7 et 14 décembre 2018.

    [2] À l’arrière plan il y a bien sûr la triple fracture entre les partis politiques critiques de la mondialisation radicale menée à bien depuis plus de trente ans par l’oligarchie dominante (politique, économique, financière et culturelle), dont les positions sont tantôt altermondialistes, internationalistes et crypto-marxistes (Podemos, Syriza ou La France insoumise), tantôt antimondialistes, ces derniers se divisant à leur tour entre, d’une part, les libéraux-conservateurs qui poursuivent l’union ou l’alliance des droites (comme Marion Maréchal Le Pen en France ou les leaders de Vox en Espagne), et, d’autre part, la tendance républicaine et laïque « simultanément de droite et de gauche » qui incarne une ligne cherchant à synthétiser les aspirations identitaires et souverainistes, les idées de patrie et de justice sociale (comme le Front National d’hier avec Florian Philippot ou le Rassemblement National de Marine Le Pen aujourd’hui).

    [3] C’est aussi le cas d’un autre des fondateurs de la Nouvelle Droite le journaliste  Michel Marmin (voir : M. Marmin et Eric Branca, Droite + Gauche, Paris, Éditions Chronique, 2016).

    [4] Depuis la droite, Jean-Louis Harouel, Droite-Gauche : ce n’est pas fini, Paris, Desclée de Brouwer, 2017 et Guillaume Bernard, La guerre à droite aura bien lieu. Le mouvement dextrogyre, Paris, Desclée de Brouwer, 2016 et, sur le versant de gauche, Jacques Julliard, Les gauches françaises 1762-2012, Paris, Champs Histoire, 2013 ou Carlo Galli, Perché ancora destra e sinistra, Bari, Laterza, 2013. Voir aussi : Marco Revelli, Post-Sinistra, Bari, Laterza, 2014 et Sinistra Destra : L’identita smarrita, Bari, Laterza, 2014.

    [5] Sur l’envie égalitaire de gauche et l’esprit d’émulation de droite voir Gonzalo Fernández de la La envidia igualitaria, Madrid, Planeta, 1984, Altera, 2011. Sur le principe d’égalité synthèse de la politique de gauche voir : Norberto Bobbio, Droite et gauche, Paris, Seuil, 1996 ; Esperanza Guisán, La ética mira a la izquierda, Madrid, Tecnos, 1992 et Ted Honderich, Conservatism, Londres, H. Hamilton, 1990.

    [6] Sur l’égalitarisme face à l’aristocratisme spirituel voir Jean Jaelic, La droite cette inconnue, préface G. Marcel, Paris, Sept couleurs, 1963.

    [7] On pourrait évoquer ici la raciologie ou le racialisme de la gauche modérée et radicale sous la IIIe République (la Société d’anthropologie de Paris, l’Institut d’ethnologie de Paris, le Musée de l’homme et, plus généralement, l’émergence et le développement de l’ethnologie et de l’anthropologie françaises de 1860 à 1930), ou encore l’eugénisme de la social-démocratie suédoise jusqu’au lendemain de la deuxième guerre mondiale. A noter que le « multiculturalisme » d’aujourd’hui est une forme d’internationalisme qui postule sans s’en rendre compte, du moins à ses débuts, une nouvelle forme de racisme. Significativement, les jeunes sociaux-démocrates suédois ont demandé que l’immigration soit encouragée afin de mettre fin à la race suédoise par la mixité raciale. On sait aussi que l’homophobie a longtemps marqué la pensée marxiste. Elle a été la norme à Cuba pendant toute la période de Fidel Castro.

    [8] Le malthusianisme extrémiste de l’écologiste de gauche Yves Cochet (voir sa déclaration à l’ Obs du 4 janvier 2019) lui aurait valu une volée de bois vert de la part des front-populistes des années 1930. Dans l’après-guerre, le malthusianisme (la contraception) était encore dénoncé comme une idéologie bourgeoise par le PCF, et en particulier par la femme de son Secrétaire général, Maurice Thorez, la député et sénatrice Jeannette Vermeersch.

    [9] La « préférence nationale » était le principe défendu par la gauche et le Front Populaire français dans les années trente. Les partis socialiste, radical et démocrate-chrétien et les syndicats comme la CGT marxiste s’accordaient à dénoncer le danger de l’immigration au nom de la défense de la main d’œuvre française. Voir les lois anti-immigrationnistes de 1923, 1926 et 1932 et les décrets de 1936, 1937 et 1938.

    [10] L’épuisement de la division D/G a été analysé tant à partir de la perspective  « historico-relativiste » que du point de vue « essentialiste ». On retrouve notamment l’approche essentialiste chez le meilleur spécialiste du conservatisme en Amérique du nord, l’historien et politologue Paul Gottfried (voir : Le Conservatisme en Amérique, Paris, L’Œuvre éditions, 2012). Gottfried affirme sans ambages: «Les différences politiques entre droite et gauche se réduisent de nos jours à des désaccords insignifiants entre groupements qui rivalisent pour l’obtention de places. En fait, ils ergotent sur des vétilles. Le débat est très encadré; il a de moins en moins d’intérêt et ne mérite aucune attention. » P. Gottfried, Nouvelle Revue d’Histoire, septembre-octobre 2011, p. 32. Voir aussi sur le thème « ¿Derecha- izquierda ¿Una distinción política? », Elementos, nº 63 avec les contributions de A. de Benoist, J. Ruiz Portella, J. J. Esparza, H. Giretti, A. Buela, D. Sanmarán, J. Estefania, F. Fernández Buey, A. Giddens, N. Bobbio etc.

    [11] L’ordo-libéralisme considère que les marchés ont besoin d’un cadre éthico-juridico-politique pour assurer la survie des valeurs libérales. Sur l’ordo-libéralisme (premier néolibéralisme) opposé au paléo-libéralisme, à l’ultralibéralisme, au libertarianisme et au néolibéralisme anglo-saxon du tournant du XXIe siècle voir A. Imatz, « Wilhelm Röpke et la troisième voie », Cercle Aristote, 6 juin 2017, http://cerclearistote.com/2017/06/wilhelm-ropke-et-la-troisieme-voie-neoliberale/

    [12] Voir Chantal Delsol, Populismes : les demeurés de l’histoire, Paris, Le Rocher, 2015 et Alain de Benoist, Droite- Gauche, c’est fini. Le moment populiste, Paris, Pierre-Guillaume de Roux, 2017.

    [13] En pleine irruption des Gilets jaunes, mouvement populaire anti-oligarchique, le président Emmanuel Macron affirmait contradictoirement être un « progressiste » luttant contre la « lèpre nationaliste» (1er novembre 2018) et, très peu de temps après, « nous sommes des vrais populistes » (devant une assemblée de maires, le 21 novembre 2018).

    [14] Voir Dalmacio Negro Pavón, La ley de hierro de la oligarquía, Madrid, Ediciones Encuentro, 2015.

    [15] L’Italien Marcello Veneziani parle de lutte « entre culture communautaire et culture libérale » (M. Veneziani, Sinistra e destra, Firenze, Vallechi, 1995). Quant au sociologue Emmanuel Todd, il se réfère a la nouvelle lutte entre « démocratie xénophobe » (nationale) et « empire autoritaire » (européen) (E. Todd, entrevista « L’État ne peut pas être incarné par un enfant », Atlantico, 20 décembre 2018).

     

     

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  • Pourquoi combattre ?...

    Les éditions Perspectives libres viennent de publier, sous la direction de Pierre-Yves Rougeyron, un ouvrage collectif intitulé Pourquoi combattre ? . Pierre-Yves Rougeyron dirige le Cercle Aristote et la revue Perspectives libres.

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    " « Une nation qui fait une grande distinction entre ses érudits et ses guerriers verra ses réflexions faites par des lâches et ses combats menés par des imbéciles”. Thucydide citant un roi de Sparte.

    La nécessité de recréer une pensée patriotique et d’aider à forger les hommes pour la porter nous ont amené, il y a plus de 10 ans, à créer ce qui devait être une association d’étudiants et d’amis et qui se transforma en communauté d’idées, de projets et d’affects sans que nous ne l’ayons ni voulu ni cru possible. Cet ouvrage est le fruit de ces 10 ans de réflexions au sein du Cercle Aristote, entre dictionnaire et mélange. Il donnera au lecteur curieux ou au militant sérieux un manuel de questions plus que de réponses. Pour que la France soit et reste, il faut commencer par en avoir une certaine idée. "

    Avec des contributions de :

    Luc-Olivier d’Algange, Philippe Arondel, Erick Audouard, Thomas Arrighi, Romain Bessonnet, Françoise Bonardel, Bernard Bourdin, Yves Branca, Alberto Buela, Leonardo Castellani, Hélène Clément-Pitiot, Denis Collin, Philippe Conrad, Vincent Coussedière, Charles Coutel, Alexandre Dorna, David L’Epée, Philippe Forget, Gabriel Galice, Eric Gueguen, Christian Harbulot, Alexandre Lande,  Julien Funnaro, Sébastien Gaboulaud, Jean-Louis Harouel, Laurent Henninger, Véronique Hervouet, Roland Hureaux, François-Bernard Huyghe, Arnaud Imatz, Leo Imbert, Hervé Juvin, Richard Labévière, Jean-Gérard Lapacherie, John Laughland, Lucas Leroux, Pierre Magnard, Rémi Magott, Kostas Mavrakis, Philippe Murer, Charles Onana, Norman Palma, Baptiste Rappin, Bertrand Renouvin, Luc Roche, Claude Rochet,   Pierre Yves Rougeyron, Alberto Scotti, Pascal Sigoda, Rémi Soulié, Mustapha Suna, Jean-François Susbielle, Guillaume Tahar, ​Christian Teyssandier, Pierre Le Vigan

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  • Genèse d'une nation...

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    La Nouvelle Revue d'Histoire est en kiosque (n° 91, juillet - août 2017).

    Ouvert par l'éditorial de Philippe Conrad ("Le Canada, un géant à l'identité incertaine"), le dossier central est consacré à la genèse de la nation canadienne. On peut y lire, notamment des articles de Jean Kappel ("Un espace immense au nord de l'Amérique" ; "La France perd ses « arpents de neige »"), de Philippe Fraimbois ("Jacques Cartier, le découvreur"), de Jacques Hartmann ("Champlain, le fondateur"), de François Forestier ("La Nouvelle-France de Frontenac"), de Philip Redmond ("Les révoltés de 1837"), de Jacques Berrel ("1867. Le Canada devient un dominion") et d'Eric Branca ("« Vive le Québec libre ! », le défi gaullien aux Anglo-Saxons").

    Hors dossier, on pourra lire, en particulier, des articles d'Arnaud Imatz ("Wilhelm Röpke, un économiste dissident"), d'Alain Couartou ("Blas de Lezo tient en échec l'« invincible armada » anglaise"), de Nicolas Vimar ("La naissance de l'ingénieur au XVIIIe siècle"), de Pierre Le Vigan ("Les droites et leurs métamorphoses"), d'Emma Demeester ("Blanche de Castille") et de Philippe Conrad ("Michel Mollat du Jourdin"), ou encore les chroniques de Péroncel-Hugoz et de Philippe d'Hugues...

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  • La revue de presse d'un esprit libre... (27)

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    La revue de presse de Pierre Bérard

    Au sommaire :

    À découvrir sur le site de l’Iliade, Institut pour la longue mémoire européenne, les différentes interventions qui ont scandé son colloque du 18 mars sur le thème  « transmettre ou disparaitre » ainsi qu'une superbe déclamation de « La mort du loup » (Alfred de Vigny). À remarquer la martiale conclusion de Jean-Yves Le Gallou qui laisse présager que l’objet de la lutte entreprise ne sera pas un dîner de gala (première référence). Compte-rendu du colloque sur Breizh info (seconde référence).
     
     
    Chroniques d’Alain de Benoist sur Boulevard Voltaire. L’une sur le sujet de la « post vérité »et les « fake news » (première référence), l’autre à propos de la doxa contemporaine qui voudrait qu’il y ait trop de fonctionnaires (deuxième référence).
     
     
     
    Deux bonnes recensions du moment populiste, le dernier livre d’Alain de Benoist. Par Jean-Paul Brighelli tout d’abord. Présenté comme un ouvrage « intensément érudit qui explore toutes les facettes d’un mot qui pue un peu aux narines des crétins ». Brighelli fait une genèse rapide de la réalité du populisme en France et analyse son passage, via Georges Marchais, d’une configuration « d’extrême droite » dans laquelle il s’inscrivait autrefois jusqu’à aujourd’hui où il a glissé de son terroir d’origine jusqu’à devenir « l’oeil du cyclone à partir duquel se définissent les politiques ». Il poursuit son analyse énonçant que « de Marine Le Pen à Jean-Luc Mélenchon en 
    passant par Nicolas Dupont-Aignan et tout ce qui reste du chevènementisme, ce sont moins les politiques qui parlent au peuple que le peuple qui parle aux politiques ». Il rappelle les conclusions de Christophe Guilluy montrant que droite et gauche méprisent la France périphérique (et la France tout court) s’attirant les représailles électorales d’un peuple qui se sent légitimement abandonné (première référence). La seconde recension, parfaitement construite est signée du pseudonyme de Nicopol. Elle est parue sur le site d’Agora-vox. Alors que le mandat moral que s’assignent les médias nous somme de considérer les populismes comme autant de vulgaires flatteries des « bas instincts du peuple », le tout balafré d’autoritarisme « fascistoïde », il nous rappelle que le populisme est un authentique courant de l’histoire contemporaine et en précise l’origine, l’esprit et les manifestations actuelles (seconde référence). 
     
     
     
    L’OJIM publie un article consacré au dossier de la revue Éléments sur « Le parti des médias en accusation ». L’OJIM insiste tout particulièrement sur la collaboration de Slobodan Despot démontrant qu’avec l’arrivée des GAFA (Google, Amazon, Facebook, Apple) dans l’élaboration du nouvel index, les géants de la Toile vont produire de l’information ou la contrôler réduisant ainsi au chômage les journalistes du Monde qui se sont, avec une légèreté burlesque, eux-mêmes soumis au piège…
     
     
    Le site Polémia dénonce dans un article de Benjamin Dormann la tartuferie d’Emmanuel Macron concernant sa « success-story-telling ». Elle répand le brouillard sur cette réalité abrupte qu’il est le candidat choisi de longue date par les principaux réseaux de décideurs français et internationaux (Bilderberg, Young Leader, membre de la commission Attali). Des appartenances qui ne font jamais l’objet d’interrogations ni de questions de la part d’une presse enamourée qui préfère concentrer les tirs des « journalistes d’investigation » sur les minuscules « affaires » du candidat Fillon. Benjamin Dormann est l’auteur de l’indispensable « Ils ont acheté la presse » (Éditions Picollec) et a participé au dossier de la dernière livraison d’Éléments sur « La chute de l’empire médiatique ».
     
    Bataille de chiffonniers à grands jets d’eau de Vichy entre les amis du milliardaire Marc Ladreit de Lacharrière (Revue de deux mondes) et ceux du Monde (Xavier Niel, Matthieu Pigasse et Pierre Bergé) autour du « Pénélopegate » Chronique drolatique proposée par l’OJIM.
     
     
    Pour Xavier Théry (sur « Causeur ») les sondages enregistrent quatre phénomènes d’ampleur qui posent d’ores et déjà le résultat des prochaines élections comme « révolutionnaire ». À quoi tient cette révolution ? Essentiellement au fait que les deux partis de l’alternance unique, le PS et Les Républicains ne franchissent pas la barrière du premier tour devancés qu’ils sont par Marine Le Pen et Emmanuel Macron qu’il a le tort de présenter comme un « candidat sorti de nulle part ». Plus intéressant, il identifie ces quatre bouleversements électoraux à « la manifestation d’un fossé de plus en plus profond qui sépare les électeurs des élus, les habitants des métropoles des habitants de la France périphérique, les exclus de la mondialisation des inclus de la société libérales ». Le jeu de massacre ne fait peut-être que commencer, conclue-t-il.
     
     
    Les bourdes qu’amasse Emmanuel Macron comme autant de lacunes (la Guyane est une île, Villeurbanne banlieue de Lille, il n’y a pas de culture française, des femmes députés en 1905 etc) exhibent sa nature de candidat hors-sol. Fringant certes, mais ayant oublié tout ce qui peut rattacher un président de la République à la terre de France. 
    Pour Arnaud Benedetti sa stratégie de communication est en train de se fissurer, « trop de com' finissant par tuer la com’ » et le vide du jeune impétrant achevant de se découvrir, l’indulgence dont il bénéficiait jusqu’alors pourrait bientôt lui faire défaut.
     
     
     
    L’Express de Drahi lâche-t-il Macron ? Éditorial de Christophe Barbier. Alors que la baudruche Macron ne vit que par la perfusion incessante du parti des média, si ceux-ci commencent à le larguer, n’est ce pas la preuve que malgré leurs efforts incessants, il est beaucoup plus bas dans les sondages que ce que l’on voudrait nous le faire accroire ?
     
     
    Xavier Moreau livre ses commentaires sur ce que pourrait être la relation entre une France dirigée par François Fillon et la Russie de Vladimir Poutine. Il évoque, dans ce cas précis le « nettoyage » qu’il conviendrait d’opérer aux ministère de la défense et des affaire étrangères.
     
     
    Le député François Cornut-Gentille tire la sonnette d’alarme en présentant, le 28 mars, un rapport au vitriol consacré au transport stratégique de l’armée française qui met notre pays dans une situation de dépendance vis à vis des affréteurs russes. En effet la réussite de nos opérations extérieurs dépend pour l’essentiel des Antonov An-124 aux capacités d’emport cinq fois supérieures à celle de l’Airbus A400M. Conclusion du député « Dans les faits, ce sont les Russes et les Ukrainiens qui ont la maîtrise de la projection de nos forces… C’est une véritable épée de Damoclès suspendue au dessus d'une France assujettie au bon vouloir de Vladimir Poutine ».
     
     
    À l’heure où les médias occidentaux s’émeuvent de l’arrestation d’Alexeï Navalny et de sa condamnation à deux semaines de détention par les autorités russes le site d’Égalité & Réconciliation remet en ligne bien à propos cette vidéo de Xavier Moreau enregistrée en février 2015. Il y retrace le portrait passablement étonnant du militant anti-corruption célébré en Europe comme un martyr de l’autoritarisme poutinien et il ressort de ces informations que l’icône désignée par l’Occident pour une possible révolution de couleur n’est pas si blanche qu’attendue.
     
     
    Jean-Claude Empereur dans un article de la « Revue politique et Parlementaire », reproduit ici par Breizh info. « Atlantisme et eurasisme, encerclement et contre encerclement de la terre du milieu au XXI siècle ». Une grande leçon de géopolitique dont nos « élites » seraient bien avisées de s'inspirer.
     
     
    David Simonnet, ancien élève de l’ESSEC et enseignant à Paris I est Pdg d’un groupe industriel. Il vient de lancer « Géopolitique &Entreprise », lettre de réflexion associée à la revue « Conflits ». Il est ici interrogé par Bruno Racouchot. Au terme de l’entretien, parlant des frontières, il évoque le fait que celles-ci n’ont pas disparu « mais qu’elles avaient été occultées par une représentation de la mondialisation conçue comme une dynamique effaçant les logiques de puissance associées à la géographie. Nous sommes dans un cycle de redécouverte des frontières ».
     
     
    Article du Figaro sur Le camp des saints. Si l’on en croit cette enquête l’Alt Right américaine et son principal animateur, Steve Bannon, devenu un conseiller influent de Donald Trump aurait été véritablement « marabouté » par l’ouvrage de  Jean Raspail.
     
     
    Steve Bannon, celui que la presse mainstream décrit comme le Dark Vador de la Maison-Blanche est ici passé aux rayons X par l’universitaire américain Jeremy Stubbs pour « Causeur ».
     
     
     
    Le Saker Francophone publie un article d’Alastair Crooke, ancien haut diplomate britannique qui a servi dans le renseignement  et au plus haut niveau de l’Union européenne. Celui-ci insiste tout particulièrement sur la notion du temps cyclique de Steve Bannon et sur les rapports qu’il en tire à propos de la crise sociale et financière que nous traversons.
     
     
    Éric Zemmour s’en prend au Trissotin et au Diafoirus de la géographie, Michel Lussault, également grand manitou de la désastreuse réforme des collèges voulu par Najat Vallaud-Belkacem.
     
     
    Le 28 mars le même Éric Zemmour chronique le déplacement de Marine à Moscou où elle a été reçue comme un chef d’État par Vladimir Poutine, montrant ainsi qu’elle n’est pas isolée sur la scène internationale. d’après Zemmour elle aurait été « adoubée » par le chef de l’État russe comme d’autres viennent se faire cornaquer à Berlin pour recevoir l’aman de la chancelière Angela Merkel (Fillon et Macron). Il poursuit « Le combat idéologique de notre siècle est entre la démocratie libérale et la démocratie illibérale chère au Hongrois Victor Orban. Dans la première l’individu est roi. Dans le seconde, le peuple est roi ».
     
    Jean-Yves Le Gallou déplore à juste titre que les médias ne diffusent que l’opinion autorisée à propos de l’islam. Il regrette ainsi que son apologie systématique ne puisse être balancée par des avis contraires, la disputatio des intelligences, comme l’exigerait l’esprit de confrontation des opinions encouragé par les Lumières dont se réclament curieusement les mêmes médias. 
     
     
     
    Dans leur émission hebdomadaire I-Média Jean-Yves Le Gallou et Hervé Grandchamp instruisent le procès du service public de l’information et dénoncent notamment le 
    coté partial de David Pujadas, le grand ordonnateur des émission politiques sur France 2, qui ne traite pas tous les candidats aux présidentielles de façon identique. Ils abordent ensuite la starisation de Macron dans la presse et dans les sondages et parlent enfin du fameux « cabinet noir » en relation avec l'Élysée évoqué par François Fillon. En fin de séquence Le Gallou tresse des louanges à la dernière livraison d’Éléments.
     
     
     
    Dans son émission hebdomadaire consacrée à l’histoire Philippe Conrad présente un numéro entièrement centré sur l’historiographie de la guerre d’Espagne. Occasion d’inviter 
    Arnaud Imatz qui s’attache à montrer les enjeux de cette guerre civile dont on ne connait en France que la version partiale et totalement fantasmé de l’extrême gauche relayée par les médias de grand chemin.
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